Une fois le storyboard terminé, vient une étape souvent sous-estimée mais pourtant cruciale dans tout projet 3D : le blocking. C’est le moment où l’on commence à poser concrètement la scène dans Blender, sans se soucier du détail ou du rendu final. L’objectif n’est pas d’obtenir une belle image, mais de valider les compositions, les mouvements de caméra, les placements des personnages et objets, ainsi que le rythme global de la séquence. Le blocking est à la 3D ce que les répétitions sont au théâtre : un moment d’exploration, d’essai, de mise en place. Pour les artistes débutants, c’est une étape très formatrice car elle force à penser en volumes, en dynamique spatiale et en narration visuelle. Dans cet article, nous verrons à quoi sert le blocking, comment le réaliser dans Blender et comment il s’intègre dans un pipeline professionnel 3D/VFX. C’est ici que votre projet prend véritablement vie dans l’espace.

Sommaire

  • Qu’est-ce que le blocking en 3D et pourquoi est-ce essentiel
  • Comment faire du blocking dans Blender étape par étape
  • Intégrer le blocking dans votre pipeline de production 3D
  • Questions fréquentes

Qu’est-ce que le blocking en 3D et pourquoi est-ce essentiel

Le blocking consiste à construire une version simplifiée de chaque plan en utilisant des formes géométriques de base (cubes, capsules, cylindres) et à y poser les positions clés des objets ou personnages. Ce n’est pas encore de l’animation fine, mais une mise en place générale de la scène. Voici pourquoi cette phase est indispensable :

Visualiser le rythme et le volume

Vous allez vérifier si vos intentions visuelles du storyboard fonctionnent dans l’espace réel 3D. Certains cadrages peuvent sembler bons sur papier, mais ne pas fonctionner une fois la caméra en mouvement ou les personnages placés.

Éviter les erreurs coûteuses

Modéliser un décor détaillé ou animer un personnage prend du temps. Le blocking permet de détecter en amont les plans inutiles, les erreurs d’axe, les problèmes de rythme ou d’enchaînement. Cela vous économisera des jours de travail.

Cadrer vos caméras avec précision

C’est le moment idéal pour tester les axes de caméra, les transitions, les travellings, et les changements de focale. Vous construisez une mise en scène technique qui guidera les étapes suivantes (animation, lighting, FX…).

Valider l’intention narrative

Un plan fonctionne-t-il mieux avec une caméra fixe ou un mouvement lent ? A-t-on besoin d’un cut ou d’un panoramique ? Ces choix ont un impact fort sur la narration. Le blocking vous permet de tester ces décisions sans tout animer.

Collaborer efficacement

Si vous travaillez à plusieurs, le blocking sert de référence commune. Il montre où chaque asset doit être placé, à quel moment il entre en scène, et comment il se déplace. C’est un outil de communication visuelle efficace.

Comment faire du blocking dans Blender étape par étape

Rentrons dans la pratique. Voici comment aborder l’étape de blocking dans Blender, de manière claire et progressive.

Étape 1 : Créez une scène par plan (ou utilisez une timeline unique)

Selon votre méthode de travail, vous pouvez :

  • créer une nouvelle scène Blender par plan (pratique pour organiser des séquences distinctes)
  • ou tout intégrer dans une timeline unique, avec caméra animée et marqueurs

Dans tous les cas, organisez bien vos collections (caméras, volumes, personnages).

Étape 2 : Importez ou placez des objets simplifiés

N’utilisez que des formes de base : cubes pour les bâtiments, capsules pour les personnages, cylindres pour les objets. Pas besoin de textures, ni de détails. Le but est d’avoir une lecture visuelle rapide des volumes.

Étape 3 : Posez les caméras

Pour chaque plan :

  • positionnez la caméra à l’endroit voulu
  • testez les focales (35 mm, 50 mm, etc.)
  • animez si nécessaire (mouvements de travelling, zooms…)

Nommez vos caméras proprement pour éviter de vous perdre.

Étape 4 : Keyframez les poses clés

Si un personnage marche de gauche à droite :

  • posez une capsule à gauche à la frame 0
  • la même capsule à droite à la frame 50
  • Blender interpolera le mouvement

Pas besoin de fluidité ni d’interpolation fine. L’objectif est de poser les intentions.

Étape 5 : Ajoutez les marqueurs de tempo

Utilisez les marqueurs dans la timeline pour repérer chaque changement de plan ou d’action. Cela vous permet de structurer votre séquence avec un rythme clair et cohérent.

Étape 6 : Jouez la scène

Regardez votre blocking comme un film brut. Est-ce que la séquence est compréhensible ? Le rythme est-il fluide ? Les personnages sont-ils lisibles ?

Corrigez, simplifiez, ajustez.

Intégrer le blocking dans votre pipeline de production 3D

Le blocking n’est pas une étape isolée. Il est le pivot entre le storyboard et l’animation. Voici comment l’insérer dans votre workflow 3D :

Avant l’animation, il y a le blocking

Avant d’investir du temps dans des courbes de mouvement parfaites, validez la mise en scène globale. Cela vous évite d’animer des séquences entières qui seront coupées ou réécrites plus tard.

C’est la base de la previz

Le previz (prévisualisation) utilise le blocking pour créer une version animée (mais encore brute) du projet entier. En gardant les volumes simples, vous pouvez déjà monter l’ensemble de la séquence avec du son, du rythme, et parfois des FX très simplifiés.

Il permet d’identifier les assets manquants

Le blocking révèle ce qu’il vous manque : un décor, un personnage secondaire, une interaction. Cela vous aide à préparer la phase suivante : assets creation.

Il est modifiable en cours de route

Le blocking n’est pas figé. Vous pouvez le corriger, le compléter, ou même l’améliorer au fil de la production. Il doit toujours rester accessible comme guide de référence.

Il facilite la communication

Dans un studio ou en travail collaboratif, le blocking permet au directeur artistique, au monteur, au compositeur ou au client de valider les intentions avant de lancer les étapes coûteuses du pipeline.

Questions fréquentes

C’est quoi exactement le blocking en 3D ?
C’est une étape de mise en place qui consiste à poser les volumes, caméras et mouvements principaux de votre scène avec des objets simplifiés, avant toute animation détaillée ou rendu.

Faut-il faire le blocking avant l’animation ?
Oui, toujours. Le blocking sert à valider la narration, les placements, les axes caméra et les intentions. C’est une fondation pour l’animation.

Quels objets utiliser pour le blocking dans Blender ?
Des primitives simples : cube, capsule, cylindre, plane. L’important est la lisibilité visuelle, pas la beauté.

Le blocking remplace-t-il le storyboard ?
Non. Le storyboard est un guide dessiné, le blocking est une version 3D. Les deux sont complémentaires.

Peut-on faire le blocking directement en animation ?
Vous pouvez poser vos premières keyframes dès le blocking, mais sans chercher à faire une animation fluide. L’objectif est de poser des points clés, pas de peaufiner.

Conclusion

Le blocking est souvent négligé par les débutants en 3D, alors qu’il constitue un pilon fondamental de toute production professionnelle. Dans Blender, il vous permet de prendre le contrôle de votre scène, de tester vos idées visuellement, de corriger vos erreurs avant d’investir du temps en animation ou en modélisation. C’est une étape agile, flexible, et terriblement efficace.

En posant vos caméras, vos objets et vos mouvements principaux avec des formes simples, vous préparez le terrain pour un pipeline fluide et cohérent. Le blocking n’est pas une perte de temps, c’est un accélérateur de production. Il clarifie votre vision, améliore votre narration et structure votre workflow. Que vous travailliez seul ou en équipe, cette phase est essentielle pour gagner en efficacité et en qualité.

Rappelez-vous : dans un projet 3D, il vaut mieux valider un plan avec un cube et une caméra que de perdre une semaine à animer une scène inutile.